Écoute, c´est un tango du nord, c´est un tango Qui ne connaît pas la mer ni les Washinangos Ni le ciel de Tampico ni Zihuatanejo C´est le tango le plus beau, celui qui vient d´en haut
Il descend de la grande ourse pour venir te dire allô Sur le verglas qui craque, il arrive au galop Sifflant de Natashquan à la Casa Pedro Un pas vers l´Acadie, un pas vers l´Ontario
Écoute, c´est un tango qui glisse, il est perdu De la bière à la bouteille du slow-gin, y en a bu De la Tequila itou, c´est un tango barbu Qui a jamais vu de cactus mais qui connaît sa rue
Les palmiers en néons, les souris de sa tribu C´est un tango qui boite parce qu´il s´est battu C´est le Noël de ceux qui sont sans voie, sans but
C´est l´amour disparu de ceux qui ne rient plus
Écoute, c´est un tango qui t´aime, c´est le tango Des cuisses du métro qui tanguent à gogo Il serre ceux qui ont des noeuds à la place des mots C´est la toupie des sans-parfum, des sans-anneau Qui passent le tiers de leur vie dans leur petite auto
Et le reste à rêver qu´ils gagnent la loto C´est le transport qu´il faut au sang chaud de leur peau Pour leur faire oublier leur routine de yo-yo
Écoute, c´est le tango des bises de Fort Chimo Des sous zéro du fleuve gelé, de ses cargos
Qui poussent sur les glaces à lenteur d´escargots Pendant que sur le pont fument les matelots
La lune en cinquante cents allume ses flambeaux Sur la neige nickelée qui vernit les bateaux Qu´elles attendent à Québec en dansant le tango Le tango le plus beau, le tango à carreaux