Nourrir des tendresses Pour un brin de foin Mûrir des paresses Pour le temps qui vient Et chanter, serait-ce
De froid et de faim Et courir sans cesse Les quatre chemins Saisir de justesse La folle tigresse L´innombrable ivresse De vos mille mains
Mûrir de chagrin Mourir de jeunesse
Vivre sans adresse Et sans lendemain Puis trouver maîtresse Au bout du matin Tourner sa tristesse En jeux de gamins Loger dans ses tresses
Manger dans sa main Quêter ses caresses Au bout d´une laisse Et la mettre en pièces Au premier quatrain
Mûrir de chagrin Mourir de jeunesse
Déplacer ses pièces Le geste incertain En pleine liesse Rêver de plus loin Tenir des promesses Faites l´an prochain Tenir pour richesse Le moindre refrain Tenir pour faiblesse
Paroles qui blessent Trouver sa noblesse À n´en trouver point
Mûrir de chagrin Mourir de jeunesse
Célébrer des messes Pour le peu de pain Que le temps nous prête D´un pied souverain Que le bonheur mette Au jeu de tes reins Des soirs de kermesse Et des jours sereins Dormir sur tes fesses Rêvant qu´apparaisse Le lait d´allégresse
Au bout de tes seins
Mûrir de chagrin Mourir de jeunesse
Avoir pour l´espèce Respect et dédain Par délicatesse Être le témoin Que tout intéresse Le plus et le moins Voyage, prouesses Maison et jardin Enfants qui connaissent Comment les fleurs naissent Et de sa jeunesse Garde les instincts
Mûrir de chagrin Mourir de jeunesse
Refaire la Grèce De trois mots latins Passer par Lutèce Comme baladin Avoir les adresses De soleils lointains À toute vitesse Aller petit train Avoir pour déesse Certaine princesse Folle de sagesse Dans un monde ancien