Il y avait deux sœurs transparentes et rusées Personne n´a jamais su si elles avaient vraiment existé La grande Anorexia, maigre comme une aiguille La petite Suicida, c´est son prénom, visqueuse comme une anguille
Elles vivaient dans un château sombre, sale et huileux Graisseux, humide, froid, envahi par le salpêtre Dans les chambres poussaient des arbres par les portes ouvertes S´échappaient des serpents quand on ouvrait les fenêtres
Le père de ces deux sœurs, un indécrottable con Se battait à coups de poing pour un oui pour un non Il avait le pif écrasé d´un boxeur, un vrai dur Et quand il était véner, ça arrivait souvent, il se filait des coups de boule dans l´mur Il ressemblait à un comte Dracula d´opérette Il dormait dans un cercueil rempli de mélange pour mobylette
Depuis qu´il était mort, il mijotait un sale coup Sortir de sa tombe et redevenir loup
Anorexia de son vrai nom Maria Antonia Mercedes Siphonnait les bagnoles pour atteindre l´ivresse Elle avalait du diesel et crachait du feu comme des vipères Elle avait une haleine de pompier en colère Si elle rencontrait des difficultés à trouver un fiancé C´était moins à cause de son odeur de pétrole Qu´à cause du fait qu´elle empestait le cramé En réalité elle était complètement, elle était complètement folle!
La petite Suicida chantait dans des bars tristes et violets
Mais ce métier d´artiste c´était juste pour se nourrir Elle détestait les refrains, haïssait les couplets Son seul désir dans cette vie, c´était plutôt de mourir Elle avait deux musiciens, un accordéoniste glabre Et un bassiste albinos qui vivait dans un arbre Elle chantait des chansons de marins noyés ou en prison Partis pêcher la morue à Terre Neuve ou bien tout simplement à St Pierre et Miquelon
Et encore j´ai pas mis le couplet où on parle de la mère Elle s´appelait Andrée