Tout est calme, dans les barbelés Devinez la plaine endormie du fond de la tranchée Plus de pluie, plus le moindre bruit Presque rien seul comme un chien
Le soleil le réchauffe et sa lui fait du bien Mais guère plus de bien qu´une chanson stupide Comme il en entendait comme il en sifflotait Ça lui fait mal au bide Maintenant les chansons c´est bien loin tout ça, on dirait Qu´il n´en entendra plus jamais Mais il devrait... bouger
Depuis deux jours il est coincé là, comme ça Avec un éclat d´obus là dans le tibia Allongé comme un dormeur du Val, vivant tant bien que mal Sur son barda il se met à rêver d´amour
Dans sa musette, quelques quignons On est bien loin de chez Fauchon Il mange des os à moelle, des rutabagas,
D´la nourriture comme ça, trouvée dans les poubelles Des villes dévastées dans les maisons brûlées on cherche sa gamelle Une carcasse de poulet ça c´est un banquet On dirait, qu´il n´en verra plus jamais Mais il devrait... bouger
Ça fait deux nuits qu´il est fiché dans la boue Avec un éclat d´obus là dans le genou Allongé comme un dormeur du Val, vivant tant bien que mal Sur son barda il se met à rêver d´amour
Une petite pluie fine et glacée Tombe sur son corps endormi C´est pas qu´il dort C´est qu´il est... mort