Construis dans ta tête une ville Dans la chaude torpeur d´un été Les robes de coton des filles Leurs tresses nattées de fleurs coupées En riant, elles fuient les garçons
Des jardins, viennent des flonflons
Construis dans ta tête une ville Dans la chaude torpeur d´un été Le soir, aux terrasses, le vin brille La nuit prend tout, sérénité Elle fait lever une rumeur Berce les cœurs, marque les heures
Dans les cheveux blonds d´une fille La main qui caressait s´arrête On se dit : Non c´est impossible ! Et pourtant oui, ça vient, c´est là !
C´est gros, c´est noir, ça hurle, ça crache C´est chenillé, armé, blindé C´est surmonté d´un fort canon Et de plusieurs gueules casquées
Ferme les yeux et vois la ville Au matin blême et déprimé Le sang qui passe du rouge au noir Séchant sur les rues labourées
Maisons éventrées et fumantes Stupeur, colère, haine cachée Ferme les yeux, entends la ville D´abord elle pleure puis se reprend
Et s´interroge : pourquoi comment ? Qu´avons-nous fait ? Pourquoi ce viol ? Et qui sont-ils tous ces truands ? Injures, pavés, arbres coupés
Les gars, les filles, les vieux, les jeunes Font une ronde qui rend fous
Tous les guignols à cheveux ras Qui ne comprennent vraiment pas
Le monde entier, d´abord crédule En reste assis sur son p´tit cul Eh oui, ça y est, c´est arrivé Les cosaques ont été défaits
Construis dans ta tête une ville Dans la chaude torpeur d´un été Faut jamais se réjouir trop tôt Les cosaques reviendront bientôt
Et si demain c´était ta ville Mieux vaut ne dormir qu´à moitié Et si demain c´était ta ville Mieux vaut ne dormir qu´à moitié