Au numéro cent trois, la concierge a donné Deux ou trois Juifs tremblants En disant "Par ici, messieurs, c´est au premier" Elle a mis leur piano dans son salon obscur Et le piano est mort, c´était il y a longtemps
Aujourd´hui les volets sont clos d´un peu de lierre Faut-il imaginer ce qu´on aurait pu faire ? Faut-il souffrir de tout ce qu´on n´a pas vécu ? Faut-il souffrir de tout ce qu´on n´a pas vécu ?
Au numéro cent trente est tombé un vieillard C´était un mercredi Samedi on a suivi un joli corbillard On a marché longtemps, jusqu´au prochain dimanche Et comme c´était dimanche tout le chagrin est mort Aujourd´hui la tristesse rêve de revanche Elle s´attaque aux printemps, elle résiste aux dimanches
Faut-il mourir de tout ce qu´on ne vivra plus ? Faut-il mourir de tout ce qu´on ne vivra plus ?
Au numéro sans toi un architecte fou à l’œil plus ou moins noir Mesure l´angle exact des rayons du soleil Pour que le soleil tombe au fond des oubliettes Quand ton absence rit vers les cinq heures du soir Chez moi il n´y a plus de toi ni de lumière Le vieux fou est tombé un peu plus bas que terre Faut-il sourire de tout ce qu´on est devenu ? Faut-il sourire de tout ce qu´on est devenu ?
Au numéro cent trois La concierge a sonné C´était un mercredi Vers les cinq heures du soir