Personne n´en a jamais rien su J´étais ficelé sur ma chaise Dans la première fusée française Partant pour la lune ci-dessus Moi j´étais le seul volontaire
Les deux autres étaient militaires Et je sais qu´ils étaient punis Vous m´frez quat´ jours dans l´infini 5 -- 4 -- 3 -- 2 -- 1 -- 0
Et alors ! Ils répétaient bêtement ´zéro´ Zéro, zéro, allez, allez Mais la fusée avait calée Et fumait sur son braséro Dans mon casque en forme de bulle J´entendais leur conciliabule Ne bougez pas de la capsule On va vérifier la formule 5 -- 4 -- 3 -- 2 -- 1 -- 0
Et alors ! Dans une espèce d´éternuement Nous voilà parti pour là-haut Et je voyais par mon hublot
Des champs de blé au firmament Des jeunes filles, des bicyclettes Et des rivières inconnues Qu´elle était belle la planète Où je n´étais jamais venu 0 -- 0 -- 0 -- 0 --0
Et alors ! Je vois la lune alors, alors J´leur racontais toujours zéro Je me sentais soudain très seul Mes deux copains faisaient la gueule Personne n´en a jamais rien su Ces messieurs dames étaient déçus Car à mille mètres dans mon cosmos J´avais photographié la Bauce
Je suis retombé sur la terre Ils m´ont dit « tachez de vous taire »
Ne parlez pas des coqu´liquos Des oiseaux ni des ruisseaux Oubliez vite vos conquêtes Vos jeunes filles, vos bicyclettes Et nous dirons, mine de rien Qu´on avait envoyé un chien Rentrez chez vous et sans rancune On n´vous demand´ra plus la lune