Un brave ogre des bois natif de Moscovie Était fort amoureux d´une fée et l´envie Qu´il avait d´épouser cette dame s´accrut Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut
L´ogre un beau jour d´hiver peigne sa peau velue Se présente au palais de la fée et salue Et s´annonce à l´huissier comme prince Ogrouski {x2}
La fée avait un fils On ne sait pas de qui Elle était ce jour-là sortie Et quant au mioche Bel enfant blond nourri De crème et de brioche Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso Il était sous la porte et jouait au cerceau
On laissa l´ogre et lui tout seuls dans l´antichambre Comment passer le temps quand il neige en décembre
Et quand on n´a personne avec qui dire un mot ? L´ogre se mit alors à croquer le marmot
C´est très simple, pourtant c´est aller un peu vite Même lorsqu´on est ogre et qu´on est moscovite Que de gober ainsi les mioches du prochain Le bâillement de l´ogre est frère de la faim
Quand la dame rentra, plus d´enfant, on s´informe La fée avise l´ogre avec sa bouche énorme "As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j´ai ?" Le bon ogre, naïf, lui dit "Je l´ai mangé"
Or c´était maladroit...
Vous qui cherchez à plaire, ne mangez pas l´enfant
Ne mangez pas l´enfant dont vous aimez la mère Vous qui cherchez à plaire, ne mangez pas l´enfant Ne mangez pas l´enfant dont vous aimez la mère
Le poème complet : "Bon conseil aux amants : ---------------------------------------------------------------------
Bon conseil aux amants L´amour fut de tout temps un bien rude Ananké. Si l´on ne veut pas être à la porte flanqué,
Dès qu´on aime une belle, on s´observe, on se scrute ; On met le naturel de côté ; bête brute, On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ; On se tait, on attend, jamais on ne s´ennuie, On trouve bon le givre et la bise et la pluie, On n´a ni faim, ni soif, on est de droit transi ; Un coup de dent de trop vous perd. Oyez ceci :
Un brave ogre des bois, natif de Moscovie, Était fort amoureux d´une fée, et l´envie Qu´il avait d´épouser cette dame s´accrut Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut : L´ogre, un beau jour d´hiver, peigne sa peau velue, Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s´annonce à l´huissier comme prince Ogrousky. La fée avait un fils, on ne sait pas de qui. Elle était ce jour-là sortie, et quant au mioche, Bel enfant blond nourri de crème et de brioche, Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso, Il était sous la porte et jouait au cerceau. On laissa l´ogre et lui tout seuls dans l´antichambre. Comment passer le temps quand il neige en décembre. Et quand on n´a personne avec qui dire un mot ? L´ogre se mit alors à croquer le marmot. C´est très simple. Pourtant c´est aller un peu vite, Même lorsqu´on est ogre et qu´on est moscovite, Que de gober ainsi les mioches du prochain. Le bâillement d´un ogre est frère de la faim.
Quand la dame rentra, plus d´enfant. On s´informe. La fée avise l´ogre avec sa bouche énorme. As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j´ai ? Le bon ogre naïf lui dit : Je l´ai mangé.
Or, c´était maladroit. Vous qui cherchez à plaire, Jugez ce que devint l´ogre devant la mère Furieuse qu´il eût soupé de son dauphin. Que l´exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ; Adorez votre belle, et soyez plein d´astuce ; N´allez pas lui manger, comme cet ogre russe, Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien.