On a du mal à le quitter On a peur des regrets posthumes On l´a pourtant beaucoup porté Le vieux costume Il va falloir abandonner
Ce reflet de ce que nous fûmes Qu´un brin de lilas blanc fané Encor´ parfume Depuis déjà quelques saisons On est surpris quand on l´exhume On ne le garde sans raison Je le présume Que pour avant de le donner Au veilleur de nuit qui s´enrhume Un dernier regard étonné Au vieux costume.
On s´habille en jeans en yéyé En hippie à poil ou à plume On voudrait bien s´en dépouiller Du vieux costume Mais on n´hésite encore un peu Au moment de faire le geste
On croit revoir encor´ dans le Pli de la veste La main qui venait s´y poser Quelquefois le temps d´une danse Tant de destins se sont croisés Quand on y pense Tant de regards qui plus ou moins Se sont enfoncés dans la brume Qui ont eu pour dernier témoin Le vieux costume
Il a dansé sous les lampions Au temps de la folle insouciance Pour la valse j´étais champion C´était ma danse Il faisait bien dans le décor Quand l´amour était au programme Il épousait avec le corps
Un peu de l´âme De tous ces moments de bonheur Il a gardé comme une trace Qui fait qu´on a soudain le cœur Dans une impasse: Ou bien regarder l´avenir Le jeter au feu qui s´allume Ou bien garder en souvenir Le vieux costume.
En fredonnant quelques mesur´s D´une chanson qui se déplume On jette un dernier regard sur Le vieux costume Passant la main sur le tissu On se dit comm´ ça que c´est moche Que notre dernier pardessus N´aura pas d´poche
Le veilleur de nuit n´est plus là Le garage est électronique Alors gardons nos pianos là Et leur musique Refermons l´armoire aux printemps Sur nos vingt ans qui se rallument Et gardons encor´ quelque temps Le vieux costume.