Lecteur, prompt à nous consoler, Toi qui sais encore voler, Comme l’abeille, au miel attique, Ton enthousiaste rumeur Encourage le doux rimeur,
O voix émue et sympathique !
O mon ami, c’est déjà vieux ! Depuis dix ans, les envieux, Acharnés sur la même lime, Ensanglantent leurs yeux ardents, Et viennent se briser les dents Contre l’acier pur de ma rime.
O Poésie ! ange fatal ! Des fous marchent d’un pied brutal A travers tes Édens splendides, Comme, aux approches de la nuit, Par les déserts de fleurs s’enfuit Le troupeau des buffles stupides.
Mais croissez, pervenches et thym ! Comme ces lueurs du matin
Qu’enveloppent en vain des voiles, O symboles de mes amours ! C’est vous seuls qui vivrez toujours, Printemps, lauriers, chansons, étoiles !