O mon père, soldat obscur, âme angélique ! Juste qui vois le mal d´un oeil mélancolique, Sois béni ! je te dois ma haine et mon mépris Pour tous les vils trésors dont le monde est épris.
Oh ! tandis que je vais fouillant l´ombre éternelle, Si la Muse une fois me touchait de son aile ! Si ses mains avaient pris plaisir à marier Sur mon front orgueilleux la rose et le laurier Par lesquels le poëte est souvent plus qu´un homme, Comme je tomberais à tes genoux ! et comme Je ne serais jaloux de personne et de rien, Si tu disais : Mon fils, je suis content, c´est bien. Car ce coeur fier que rien de bas ne peut séduire, O père, est bien à toi, qui toujours as fait luire Devant moi, comme un triple et merveilleux flambeau, L´ardeur du bien, l´espoir du vrai, l´amour du beau !