À la porte d’un beau château Bâti pendant la Renaissance, Une dame au riche manteau, Les cheveux baignés d’une essence Divine, rit au vert coteau.
Elle a l’oeil superbe et moqueur ; Ses sourcils noirs aux courbes jointes Enivrent comme une liqueur, Et des rayons baisent les pointes Folâtres de sa bouche en coeur.
Elle montre l’un de ses seins Nu. Plus souple qu’une liane, Cette Nymphe, heureuse aux larcins, A pris les armes de Diane Qui lui servent pour ses desseins.
Son arc est d’un bois lisse et dur, Et ses flèches bien aiguisées, Cachant leurs pointes d’acier pur Sous la dorure déguisées, Sonnent dans le carquois d’azur.
Quand sa tresse inonde son cou, (Bien que cette amante farouche Vous plante là pour un bijou,) Pour les morsures de sa bouche On se résigne à mourir fou.
Cette chasseresse d’Amours Dont il faut, même au prix d’un crime, Idolâtrer les fiers atours Et les belles mains, c’est la Rime, Délice et tourment de nos jours.
Quel bonheur, d’orner ses appas De joyaux ! Au bois qu’avril dore, Quel bonheur de baiser ses pas ! Quand on l’a connue, on l’adore Pour jamais, et jusqu’au trépas.
Oh ! pour moi, rien n’éclipsera Sa lèvre indignée et rieuse ! Sa voix seule me bercera Et mon sang tout entier sera Bu par cette victorieuse.
Car, s’il faut la fuir, quel tourment ! Loin de son regard comme on jeûne ! Ce que vaut ce clair diamant Tu le sais bien, toi qui, tout jeune, As été son plus cher amant !