Muse au front d´or, farouche Aganippide, Je chanterai le Lys, aux Dieux pareil, Le Lys charmant, le Lys au coeur splendide. Dès qu´il fleurit, la Nature en éveil, Comme à son roi, lui demande conseil.
Couche de nacre où s´éveille l´Aurore, Noble palais que bat la mer sonore, Blanc coudrier qui sait plaire à Phyllis, Pommier en fleur qui de rayons se dore, Rien n´est pareil à la gloire d´un Lys.
La nuit, au bord de la source limpide, Le Lys s´endort d´un superbe sommeil, Près du flot bleu qui doucement se ride. Tel, en songeant, dort sous un dais vermeil Un roi d´Asie sous son riche appareil. Neige étendue aux rives du Bosphore, Clair vêtement qu´un sein aigu colore, Temple de Tyr ou d´Héliopolis, Lotus divin dont le flot se décore, Rien n´est pareil à la gloire d´un Lys.
Tel, ô guerrière, ô blanche Tyndaride,
Le sable est fier de baiser ton orteil, Le Lys joyeux, riant, de pleurs humide, Se dresse, orgueil du monde, à son réveil, Et resplendit dans l´éclair du soleil. Perle gisant dans l´or du sable more, Urne que tient la svelte choéphore, Marbre vivant ciselé par Scyllis, Nymphe au beau sein compagne du centaure, Rien n´est pareil à la gloire d´un Lys.
Envoi.
Lys exalté, grande fleur, je t´adore. Cygne rêvant, contour pur de l´amphore, Nuit d´argent, voile éthéré des willis, Col de Vénus, pieds nus de Terpsichore, Rien n´est pareil à la gloire d´un Lys.