Chacun s´écrie avec un air de gloire: A moi le sac, à moi le million! Je veux jouir, je veux manger et boire. Donnez-moi vite, et sans rébellion, Ma part d´argent; on me nomme Lion.
Les Dieux sont morts, et morte l´allégresse, L´art défleurit, la muse en sa détresse Fuit, les seins nus, sous un vent meurtrier, Et cependant tu demandes, maîtresse, Pourquoi je vis? Pour l´amour du laurier.
O Piéride, ô fille de Mémoire, Trouvons des vers dignes de Pollion! Non, mon ami, vends ta prose à la foire. Il s´agit bien de chanter Ilion! Cours de ce pas chez le tabellion. Les coteaux verts n´ont plus d´enchanteresse; On ne va plus suivre la Chasseresse Sur l´herbe fraîche où court son lévrier. Si, nous irons, ô Lyre vengeresse. Pourquoi je vis? Pour l´amour du laurier.
Et Galatée à la gorge d´ivoire
Chaque matin dit à Pygmalion: Oui, j´aimerai ta barbe rude et noire, Mais que je morde à même un galion! Il est venu, l´âge du talion: As-tu de l´or? voilà de la tendresse, Et tout se vend, la divine caresse Et la vertu; rien ne sert de prier; Le lait qu´on suce est un lait de tigresse. Pourquoi je vis? Pour l´amour du laurier.
Envoi.
Siècle de fer, crève de sécheresse; Frappe et meurtris l´Ange à la blonde tresse. Moi, je me sens le coeur d´un ouvrier Pareil à ceux qui florissaient en Grèce. Pourquoi je vis? Pour l´amour du laurier.