C´est un étrange bacchanal Dans ce Paris vraiment baroque Où règne le petit journal, Et qu´une drôlesse provoque En lui laissant voir sous sa toque
Des cheveux d´un cuivre vermeil Comme le bon or qu´elle croque. Moi, j´en ris, les jours de soleil.
Être probe est original Dans cette Babel équivoque Où, malgré le Code pénal, Chacun suit les moeurs de l´époque; Où Scapin remplace Archiloque, Mais où Pindare, aux Dieux pareil, Souperait d´un oeuf à la coque. Moi, j´en ris, les jours de soleil.
Dans ce pêle-mêle vénal, Qu´est-ce que l´honneur? Une loque Pour amuser le tribunal, Qu´agite, pendant son colloque, L´avocat, soufflant comme un phoque.
Le pauvre juge, en son sommeil, Entend ces cris de ventriloque. Moi, j´en ris, les jours de soleil.
La Bête au regard virginal Que tout millionnaire invoque, Prodigue son amour banal Et chacun s´en emberlucoque. C´est pour elle qu´on se disloque, Et tous les coeurs sont en éveil Dès que frémit sa pendeloque. Moi, j´en ris, les jours de soleil.
Au sein d´un tumulte infernal Ce sont partout glaives qu´on choque, Torches qui servent de fanal, Mépris solide et réciproque, Mensonges que la Haine évoque,
Idiots dont on prend conseil, Maîtres qu´on flatte et qu´on révoque: Moi, j´en ris, les jours de soleil.
Comme une image d´Épinal, Flamboie en sa riche défroque Devant le café Cardinal Ce cruel Paris, qui se moque Des sauvages de l´Orénoque, Et dont le superbe appareil Indignait Thomas Vireloque: Moi, j´en ris, les jours de soleil.