Titre : Fille de la clarté, Muse aux regards vermeils
Fille de la clarté, Muse aux regards vermeils, Ouvre les yeux. Que font dans l’éther les soleils ? Ils gravitent. Que fait l’Océan vaste ? Il broie
Les navires de l’homme en rugissant de joie. Et le tonnerre ? Il gronde. Et l’aigle immense ? Il fond Sur la brebis, du haut du ciel clair et profond, Et l’emporte à son aire. Et le lion ? Il plante Ses fortes dents parmi la chair vive et sanglante. Et le doux rossignol ? Blessé cruellement Par sa fleur, il la chante avec ravissement Et retourne au buisson d’épines. Et la rose, Que fait-elle du flot d’ambroisie ? Elle arrose La terre de parfums et les grands coeurs d’amour. Et le penseur ? Il vient à la clarté du jour Pour secouer devant la foule intimidée Ton glaive de lumière, inexorable Idée ! Et le poëte auguste ? Il tourne son flambeau
Vers la Beauté, sa foi, qu’on a mise au tombeau,
Et se penchant sur elle avec mélancolie, Il relève en pleurant cette image avilie. Et l’impuissant, ô Muse ? Il vit, fier de railler Et de mentir. C’est bien, Muse, allons travailler.