Oh ! que me voulez-vous, lueurs vertigineuses ? Divin silence, attrait du néant, laisse-moi ! Ainsi la mer, songeant par les nuits lumineuses, Me faisait tressaillir de tendresse et d´effroi.
Ces yeux où les chansons des sirènes soupirent, Océans éperdus, gouffres inapaisés, Bleus firmaments où rien ne doit vivre, m´inspirent La haine de la joie et l´oubli des baisers.
Les yeux pensifs, les yeux de cette charmeresse Sont faits d´un pur aimant dont le pouvoir fatal Communique une chaste et merveilleuse ivresse Et ce mal effréné, la soif de l´Idéal.
Ils ne s´abritent pas, solitudes sans voiles, Sous des cils baignés d´or et sous de fiers sourcils ; Ondes où vont mourir les flèches des étoiles, Rien ne cache au regard leur mirage indécis.
Ce sont les lacs sans borne où s´égare mon âme ;
Leur azur éthéré, vaste et silencieux, Saphir terrible et doux, sans lumière et sans flamme, Vole sa transparence à d´ineffables cieux.
Je sais que ce désert plein de mélancolie Engloutit mon courage en vain ressuscité, Et que je ne peux pas, sans trouver la folie, Chercher ta perle, Amour ! dans cette immensité.
L´éblouissement clair de ces froides prunelles Où le féroce Ennui voudrait à son loisir Savourer le poison des langueurs éternelles M´enchante et me ravit dans un vague désir.
Il n´est plus temps de fuir, laisse toute espérance ! Ils m´ont appris, ces flots aux cruelles pâleurs,
Les voluptés du calme et de l´indifférence, Et l´extase a tari la source de mes pleurs.
L´abîme où, sans retour, mon rêve s´embarrasse, Semble immobile ; mais je le sens tournoyer. Comme une lèvre humide, il m´attire et m´embrasse, Et ma lâche raison frémit de s´y noyer.
Eh bien, je poursuivrai mon destin misérable : Par-delà le fini, par-delà le réel, Je veux boire à longs traits cette angoisse adorable Et souffrir les ennuis de ce bonheur mortel.