Fille des hommes, je suis une parcelle de l´esprit de Dieu. Cette Lyre est mon corps. George Sand.
Quand le premier sculpteur eut achevé la Lyre
Et caché dans son sein les chants harmonieux ; Ouvrier sans défaut, lorsqu´il eut fait sourire Parmi ses ornements les figures des Dieux, Et qu´il eut couronné l´instrument de martyre Avec le vert rameau d´un laurier radieux ;
L´indomptable Titan, à son désir fidèle, Qui, tout brûlant encor, vers la voûte éternelle Une seconde fois, tentait de s´envoler, Fit, pareil au vautour qui devait l´immoler, Tomber sur le chef-d´oeuvre une blanche étincelle Du feu resplendissant qu´il venait de voler.
C´est l´âme de la Lyre ; à notre âme invisible Elle se plaint souvent loin du monde réel, Souvent, dans une étreinte amoureuse et terrible,
Vient la brûler aux feux de son oeil immortel ; Et, captive à jamais dans le rhythme inflexible, Elle aspire sans cesse à remonter au ciel.
Elle meurt du désir qui toujours la dévore Dans la froide prison des mètres et des vers, Et tâche, l´oeil perdu parmi les cieux ouverts, D´entendre encor la voix de cet archet sonore Qui, si loin du désert où ses chants vont éclore, Mène dans l´infini le choeur de l´univers.