💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

 A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z   0   1   2   3   4   5   6   7   8   9 
Artiste : Théodore De Banville
Titre : Scientifique
Lentement, vers la fin du jour,
Une voix murmurait dans l´ombre:
Amour! Amour! Amour! Amour!
Au milieu de la forêt sombre.

Quelqu´un disait: L´essentiel
N´est pas la gloire et sa fumée.
Non, le vrai, c´est de voir le ciel
Dans les yeux de la bien-aimée.

Une bouche peut s´embraser
Lorsqu´une autre bouche s´y pose.
On voit dans le divin baiser
L´éblouissement d´une rose.

La haie en fleur, l´étang dormant
Ont le souffle qui vous enivre.
Pour être heureux tout bêtement,
Il suffit de se laisser vivre.

Écoute l´yeuse et le pin!
Bon laboureur, chéris ta femme
Et baise-la comme du pain,

Tandis que le bon air t´affame.

Quant aux hors-d´oeuvre superflus,
Ami, bien fol est qui s´y fie.
Et l´on ne trouve rien de plus
Dans toute la philosophie.

Ainsi parlait, génie, esprit,
Je ne sais qui, dans l´ombre noire,
Au bois où l´églantier fleurit
Près de l´étang glacé de moire.

J´écoutais, regardant les cieux
Où s´allume la chrysoprase,
Et je marchais, silencieux,
D´un pas léger, sur l´herbe rase.

Je trouvais les instants bien courts,

Dans la grande forêt magique,
Et je dis: Quel est ce discours
Si raisonnable et si logique?

Et tandis que tombait la nuit,
Écartant le houx et la ronce,
Je marchais sans faire de bruit,
Car j´attendais une réponse.

Les oiseaux, chers petits bandits,
Mettaient les branches au pillage.
Bientôt, près de moi, j´entendis
Un froissement dans le feuillage.

Pâle dans le fluide azur,
Ame que le bruit importune,
Avec son blanc visage pur
Apparaissait la douce lune;

Et, choeurs envolés, se nouant
Parmi les zéphyrs qui soupirent,
Je vis des Nymphes se jouant,
Blanches figures, qui me dirent:

Oui, tu peux t´instruire, en effet,
Au bruit de la brise et des ailes.
Quel est ce discours tout à fait
Sage? continuèrent-elles,

En jetant leurs cheveux flottants
Sur leurs tuniques sans agrafes:
C´est la chère voix du Printemps
Qui parle dans nos phonographes!

17 septembre 1889.