💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃

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Artiste : Théodore De Banville
Titre : Soleil couchant
Dans la rouge fournaise et les brasiers fleuris
Le soleil couchant brûle au-dessus de Paris,
Tandis qu´entre les murs étouffants de la ville,
Une foule indolente, affairée et servile
De femmes étalant des ornements royaux

Et d´hommes ficelés et coiffés de tuyaux
Marche sur le bitume en file irrégulière,
Et que grouille au hasard la noire fourmilière.
Dans le ciel qui se fait un jeu d´associer
La douce rose avec des crudités d´acier;
Dans le ciel éclatant de sang, d´or et de soufre
Se tord de désespoir tout un peuple qui souffre;
Ce sont les Dieux, les rois, les guerriers, les vainqueurs,
Ceux qui donnent pour nous tout le sang de leurs coeurs.
Dans la flamme, pareille à des oranges mûres,
Ce sont les Dieux, casqués, mitrés, couverts d´armures,
Bourreaux du néant sombre et du marais hideux.
On les voit désolés et tristes. Autour d´eux,
Parmi les feux rougis, passent des chars qui roulent

Et des fleuves de feu dans la clarté s´écroulent.
Des animaux, chevaux, grands lions, aigles roux,
Brillent dans un éclair d´orage et de courroux;
Et devant tous les rois apparaît, la première,
Une figure blanche et faite de lumière,
Dont le visage clair et pénétré de jour
Épand une clarté de douceur et d´amour.
Et les Dieux dans le ciel brûlant qui s´irradie
Se tordent, frémissants, mordus par l´incendie.
Sentant s´ouvrir pour eux le gouffre incandescent,
Ils exhalent enfin leur plainte, et s´adressant
A l´homme, qui n´a plus d´espoir ni de bravoure,
Cependant que la flamme atroce les entoure
Et dévore leurs fronts vermeils et leurs cheveux,
Ils disent: Nous mourons parce que tu le veux!

Jeudi, 27 janvier 1887.