Ne sois pas étonné si la foule, ô poète, Dédaigne de gravir ton oeuvre jusqu´au faîte ; La foule est comme l´eau qui fuit les hauts sommets, Où le niveau n´est pas, elle ne vient jamais.
Donc, sans prendre à lui plaire une peine perdue, Ne fais pas d´escalier à ta pensée ardue : Une rampe aux boiteux ne rend pas le pied sûr. Que le pic solitaire escalade l´azur, L´aigle saura l´atteindre avec un seul coup d´aile, Et posera son pied sur la neige éternelle, La neige immaculée, au pur reflet d´argent, Pour que Dieu, dans son oeuvre allant et voyageant, Comprenne que toujours on fréquente les cimes Et qu´on monte au sommet des poèmes sublimes.