💃🎤 Paroles de chanson Française et Internationnales 🎤💃
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Titre : L´obélisque de Luxor
Je veille, unique sentinelle
De ce grand palais dévasté,
Dans la solitude éternelle,
En face de l´immensité.
A l´horizon que rien ne borne,
Stérile, muet, infini,
Le désert sous le soleil morne,
Déroule son linceul jauni.
Au-dessus de la terre nue,
Le ciel, autre désert d´azur,
Où jamais ne flotte une nue,
S´étale implacablement pur.
Le Nil, dont l´eau morte s´étame
D´une pellicule de plomb,
Luit, ridé par l´hippopotame,
Sous un jour mat tombant d´aplomb ;
Et les crocodiles rapaces,
Sur le sable en feu des îlots,
Demi-cuits dans leurs carapaces,
Se pâment avec des sanglots.
Immobile sur son pied grêle,
L´ibis, le bec dans son jabot,
Déchiffre au bout de quelque stèle
Le cartouche sacré de Thot.
L´hyène rit, le chacal miaule,
Et, traçant des cercles dans l´air,
L´épervier affamé piaule,
Noire virgule du ciel clair.
Mais ces bruits de la solitude
Sont couverts par le bâillement
Des sphinx, lassés de l´attitude
Qu´ils gardent immuablement.
Produit des blancs reflets du sable
Et du soleil toujours brillant,
Nul ennui ne t´est comparable,
Spleen lumineux de l´Orient !
C´est toi qui faisais crier : Grâce !
A la satiété des rois
Tombant vaincus sur leur terrasse,
Et tu m´écrases de ton poids.
Ici jamais le vent n´essuie
Une larme à l´oeil sec des cieux.
Et le temps fatigué s´appuie
Sur les palais silencieux.
Pas un accident ne dérange
La face de l´éternité ;
L´Égypte, en ce monde où tout change,
Trône sur l´immobilité.
Pour compagnons et pour amies,
Quand l´ennui me prend par accès,
J´ai les fellahs et les momies
Contemporaines de Rhamsès ;
Je regarde un pilier qui penche,
Un vieux colosse sans profil
Et les canges à voile blanche
Montant ou descendant le Nil.
Que je voudrais comme mon frère,
Dans ce grand Paris transporté,
Auprès de lui, pour me distraire,
Sur une place être planté !
Là-bas, il voit à ses sculptures
S´arrêter un peuple vivant,
Hiératiques écritures,
Que l´idée épelle en rêvant.
Les fontaines juxtaposées
Sur la poudre de son granit
Jettent leurs brumes irisées ;
Il est vermeil, il rajeunit !
Des veines roses de Syène
Comme moi cependant il sort,
Mais je reste à ma place ancienne,
Il est vivant et je suis mort !