Une jeune chimère, aux lèvres de ma coupe, Dans l´orgie, a donné le baiser le plus doux Elle avait les yeux verts, et jusque sur sa croupe Ondoyait en torrent l´or de ses cheveux roux.
Des ailes d´épervier tremblaient à son épaule La voyant s´envoler je sautai sur ses reins ; Et faisant jusqu´à moi ployer sou cou de saule, J´enfonçai comme un peigne une main dans ses crins.
Elle se démenait, hurlante et furieuse, Mais en vain. Je broyais ses flancs dans mes genoux ; Alors elle me dit d´une voix gracieuse, Plus claire que l´argent : Maître, où donc allons-nous ?
Par-delà le soleil et par-delà l´espace, Où Dieu n´arriverait qu´après l´éternité ; Mais avant d´être au but ton aile sera lasse : Car je veux voir mon rêve en sa réalité.