Au fond du parc, dans une ombre indécise, Il est un banc, solitaire et moussu, Où l’on croit voir la Rêverie assise,
Triste et songeant à quelque amour déçu. Le Souvenir dans les arbres murmure, Se racontant les bonheurs expiés ; Et, comme un pleur, de la grêle ramure Une feuille tombe à vos pieds.
Ils venaient là, beau couple qui s’enlace, Aux yeux jaloux tous deux se dérobant, Et réveillaient, pour s’asseoir à sa place, Le clair de lune endormi sur le banc. Ce qu’ils disaient, la maîtresse l’oublie ; Mais l’amoureux, coeur blessé, s’en souvient, Et dans le bois, avec mélancolie, Au rendez-vous, tout seul, revient.
Pour l’oeil qui sait voir les larmes des choses,
Ce banc désert regrette le passé, Les longs baisers et le bouquet de roses Comme un signal à son angle placé. Sur lui la branche à l’abandon retombe, La mousse est jaune, et la fleur sans parfum ; Sa pierre grise a l’aspect de la tombe Qui recouvre l’Amour défunt !…