Dans le Generalife, il est un laurier-rose, Gai comme la victoire, heureux comme l´amour. Un jet d´eau, son voisin, l´enrichit et l´arrose ; Une perle reluit dans chaque fleur éclose,
Et le frais émail vert se rit des feux du jour.
Il rougit dans l´azur comme une jeune fille ; Ses fleurs, qui semblent vivre, ont des teintes de chair. On dirait, à le voir sous l´onde qui scintille, Une odalisque nue attendant qu´on l´habille, Cheveux en pleurs, au bord du bassin au flot clair.
Ce laurier, je l´aimais d´une amour sans pareille ; Chaque soir, près de lui, j´allais me reposer ; A l´une de ses fleurs, bouche humide et vermeille, Je suspendais ma lèvre, et parfois, ô merveille ! J´ai cru sentir la fleur me rendre mon baiser