Qui ha le cors plus gent qu’une pucelle De quatorze ans.
MAÎTRE CLÉMENT MAROT.
Voici ce que j’ai vu naguère en mon sommeil : Le couchant enflammait à l’horizon vermeil Les carreaux de la ville ; et moi, sous les arcades D’un bois profond, au bruit du vent et des cascades, Aux chansons des oiseaux, j’allais, foulant des fleurs Qu’un arc-en-ciel teignait de changeantes couleurs. Soudain des pas légers froissent l’herbe ; une femme, Que j’aime dès longtemps du profond de mon âme,
Comme une jeune fée accourt vers moi ; ses yeux À travers ses longs cils luisent de plus de feux Que les astres du ciel ; et sur la verte mousse À mes lèvres d’amant livrant une main douce, Elle rit, et bientôt enlacée à mes bras Me dit, le front brûlant et rouge d’embarras, Ce mot mystérieux qui jamais ne s’achève… Ô nuit trompeuse ! Hélas ! pourquoi n’est-ce qu’un rêve ?