Elle est née d´une ferme tout en haut d´un rocher Cette ville que j´ai tant, tant et tant aimée Du lavoir à l´hiver, de l´église à l´été, Les siècles s´enchaînaient aux années...
Ils avaient les moissons pour vacances l´été Et les femmes saignaient sur le lin des rouets Et la pluie tombait blanche sur les toits ardoisés Dans La ville que j´ai tant aimée On y venait de Nantes les dimanches d´été Avant qu´elle ne soit grande quand notre siècle est né Chemises et robes blanches les jardins ouvriers Fleurissaient sous des ciels de pommiers C´est la fin de l´enfance et nous avons dansé Dans l´école un dimanche, il y a six années Le soleil a brillé sur les toits ardoisés De La ville que j´ai tant aimée Et les filles riaient et les hommes buvaient La ville était adulte et les arbres chantaient Et puis une aube grise un matin s´est levée L´herbe rouille et l´aubier est gelé
Ils ont tout brisé, balayé et brûlé Ils ont tout interdit tout arraché Et la pluie tombe noire sur les toits ardoisés De La ville que j´ai tant aimée J´y ai vu un gamin en costume arlequin Peindre un arbre bleuté dans un étang gelé Nous avons su apprendre aux enfants à rêver Dans la ville qu´ils ont tant aimée