Tu dors sous les panais, capitaine Bambine Du remorqueur havrais l’Aimable Proserpine, Qui, vingt-huit ans, fis voir au Parisien béant, Pour vingt sous : L’OCÉAN ! L’OCÉAN !! L’OCÉAN !!!
Train de plaisir au large. – On double la jetée – En rade : y a-z-un peu d’gomme… – Une mer démontée – Et la cargaison râle : – Ah ! commandant ! assez ! Assez, pour notre argent, de tempête ! cessez ! –
Bambine ne dit mot. Un bon coup de mer passe Sur les infortunés : – Ah, capitaine ! grâce !… – C’est bon… si ces messieurs et dam’s ont leur content ?… C’est pas pour mon plaisir, moi, v’s êtes mon chargement : Pare à virer… –
Malheur ! le coquin de navire Donne en grand sur un banc… – Stoppe ! – Fini de rire… Et talonne à tout rompre, et roule bord sur bord Balayé par la lame : – À la fin, c’est trop fort !… – Et la cargaison rend des cris… rend tout ! rend l’âme Bambine fait les cent pas. Un ange, une femme Le prend : – C’est ennuyeux ça, conducteur ! cessez ! Faites-moi mettre à terre, à la fin ! c’est assez ! –
Bambine l’élongeant d’un long regard austère :
– À terre ! q’vous avez dit ?… vous avez dit : à terre… À terre ! pas dégoûtaî !… Moi-z’aussi, foi d’mat’lot, J’voudrais ben !… attendu q’si t’-ta-l’heure l’prim’ flot Ne soulag’ pas la coque : vous et moi, mes princesses J’bêrons ben, sauf respect, la lavure éd’nos fesses ! –
Il reprit ses cent pas, tout à fait mal bordé : – À terre !… j’crâis f…tre ben ! Les femm’s !… pas dégoûté !