Je cherche encore une fille qui voudrait bien de moi ce soir un quart d´heure
Dix heures le soir, seul dans Paris Mes amis sont partis, je traîne et j´m´emmerde
La pluie, Paris la pluie Oh et puis draguer, draguer Ramer, ramer Boîtes de nuits, boîtes à fric Boîtes de conserves, boîtes de cons À l´huile pas question Puis j´ai pas la clé Toute façon j´suis déjà beurré Alors j´vais m´mettre de bonne humeur, voilà Et pour ça il faudrait que... Que je cherche encore une fille Qui voudrait bien de moi ce soir un quart d´heure Bon, bah y a qu´une solution alors Au Bois Tout d´suite au Bois Facilités d´paiement, crédit total Voyons Les contre-allées d´l´Avenue Foch, les quartiers chics
C´est là qu´y en a l´plus Y a même des Espagnoles, c´est vous dire Des anciennes bonnes Ou alors toujours des bonnes Avec elles il faut payer franco Ah... l´Espagne! Franco, le pays d´l´honneur, des taureaux, les guitares Où le gui c´est bonheur Et la tare c´est Franco c´est bien connu… Avenue du Bois En voilà deux blondes Je m´arrête, je baisse la vitre La grande approche, il lui manque une dent Souvenir d´un légionnaire dans les fossés d´Vincennes Allez, en stage à Saint Claude! Je demande "combien?", enfin combien elle m´doit
Elle me traite de con Et je démarre Il pleut toujours Tiens deux autres encore, une brune, une blonde Oh, oh c´est des travelos! La blonde a des beaux seins, quel vieux chien Quand j´étais p´tit, ils m´faisaient peur les travestis Maintenant ils m´font rire Surtout à six heures du matin en collant et minijupe Avec leur barbe mauve qui pousse Le rouge à lèvres délavé et la perruque de travers Boitant sur leurs talons orthopédiques Ah, le monde se trouve petit, Monsieur Et il monte sur quelque chose pour grandir Et je démarre
Il pleut toujours et il fait froid Je tourne à droite, un car de police Tous feux éteints, hum hum! Je continue, tiens des mateurs Derrière les arbres Hein hein les mateurs, ils s´arrangent toujours pour qu´on les voie Je fais l´tour, Porte Maillot Avenue du Bois et je recommence Tiens une fille seule, en jupe longue C´est bizarre une pute en jupe longue J´m´approche Elle est sous un parapluie Sous un réverbère Ma parole elle est sublime, j´y crois pas Mon cœur bat Je m´arrête
Je recule, je baisse la vitre Je l´appelle Elle tourne la tête, me regarde Elle pleure Je m´rends compte que j´la vouvoie Elle ne répond pas et s´en va J´ai peur de la gêner et je démarre Je le lâche et tant pis je rentre dans Paris Je rentre dans Paris très vite, et il pleut toujours C´est l´faux p´tit jour, à sept heures il fait nuit en décembre à Paris La foule parisienne court sur place Et fait la queue déjà dans les clous Des parapluies, des flaques d´eau Des flaques d´eau arc-en-ciel d´huile de voitures Des bus bourrés de gens violets et tièdes Et des voitures, des odeurs de parfums et de mégots de Gauloises
Mêlées aux odeurs des cheveux sales et mouillés Des essuies-glaces, des lumières partout qui brillent et bougent et se reflètent Il fait nuit à Paris Et cette fille sublime qui se cache sous la pluie dans l´bois d´Boulogne pour pleurer Il fait nuit à Paris mon amour J´ai envie d´lui dire, il fait nuit à Paris De décembre en juillet mon amour Au pays des zombies à Paris, il fait nuit Il fait nuit, méfie-toi à Paris Il fait nuit pour toujours Fille perdue Fille paumée Je reviendrai vous voir demain