Toi tes lunettes de soleil sont cerclées d´écailles Et tu conduis impatient le bras à la portière De ta Range-Rover Lui il roule dans une vieille dauphine bleu ciel
Avec ses femmes ses enfants ses poules et les bagages
Toi l´air conditionné te fait mal à la gorge Et tu tapes dans tes mains maudissant la mouche Jaune et noir qui te ramène à l´hôtel Et avec qui tu discutes le pourboire
Lui il monte le trottoir assis sur sa planche A roulettes, les jambes tordues Une vers l´avant, l´autre vers l´arrière Et il met ses sandales à ses mains Manges...pas les bras Bokassa
Toi tu dînes au bord de la piscine et tu pleures De loin, le petit chat maigre qui passe "Ho, le p´tit chat...comme il est mignon!" Viens, viens vite, tiens...un p´tit bout
D´mon poisson, tiens!
Lui à deux ans il est déjà dans la rue Des mouches plein les narines, du palu plein Le sang et il cherche à manger dans le trou Des ordures
Toi tu fais tes valises entassant les objets Ach´tés à la boutique artisanale de l´hôtel Tu n´as rien vu de l´Afrique mais tu arroses Ton départ et tu jettes tes dernières pièces Au valet, mais lui il est déjà au premier étage De l´aéroport dans sa ch´mise bariolée au milieu D´ses amis sous son chapeau d´paille il rigole Il est venu pour voyager, et pour voyager il te Regarde partir, rentrer en France, avec tes harpons
Tes raquettes, tes culottes de ch´val, tes Couleurs, tes épices, tes ébènes, tes ivoires... Mange-lui les bras Bokassa Mange-lui les bras Bokassa...