Réveillez-vous, assez de honte ! Bravez boulets et biscayens. Il est temps qu´enfin le flot monte. Assez de honte, citoyens ! Troussez les manches de la blouse.
Les hommes de quatrevingt-douze Affrontaient vingt rois combattants. Brisez vos fers, forcez vos geôles ! Quoi ! vous avez peur de ces drôles ! Vos pères bravaient les titans !
Levez-vous ! foudroyez et la horde et le maître ! Vous avez Dieu pour vous et contre vous le prêtre Dieu seul est souverain. Devant lui nul n´est fort et tous sont périssables. Il chasse comme un chien le grand tigre des sables Et le dragon marin ; Rien qu´en soufflant dessus, comme un oiseau d´un arbre,
Il peut faire envoler de leur temple de marbre Les idoles d´airain.
Vous n´êtes pas armés ? qu´importe ! Prends ta fourche, prends ton marteau ! Arrache le gond de ta porte, Emplis de pierres ton manteau ! Et poussez le cri d´espérance ! Redevenez la grande -France ! Redevenez le grand Paris ! Délivrez, frémissants de rage, Votre pays de l´esclavage, Votre mémoire du mépris !
Quoi ! faut-il vous citer les royalistes même ? On était grand aux jours de la lutte suprême. Alors, que voyait-on ? La bravoure, ajoutant à l´homme une coudée,
Etait dans les deux camps. N´est-il pas vrai, Vendée, Ô dur pays breton ? Pour vaincre un bastion, pour rompre une muraille, Pour prendre cent canons vomissant la mitraille. Il suffit d’un bâton !
Si dans ce cloaque ou demeure, Si cela dure encore un jour, Si cela dure encore une heure, Je brise clairon et tambour, Je flétris ces pusillanimes, Ô vieux peuple des jours sublimes, Géants à qui nous les mêlions, Je les laisse trembler leurs fièvres, Et je déclare que ces lièvres Ne sont pas vos fils, ô lions !