À qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ? Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ? Oh ! parlez, cieux vermeils, L’âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ?
Chaque rayon d’en haut est-il un fil de l’ombre Liant l’homme aux soleils ?
Est-ce qu’en nos esprits, que l’ombre a pour repaires, Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ? Destin, lugubre assaut ! Ô vivants, serions-nous l’objet d’une dispute ? L’un veut-il notre gloire, et l’autre notre chute ? Combien sont-ils là-haut ?
Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre, Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l’ombre.
Qui craindre ? qui prier ? Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres Sur le noir échiquier.
Songe horrible ! le bien, le mal, de cette voûte Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute ! Ô sphinx, dis-moi le mot ! Cet affreux rêve pèse à nos yeux qui sommeillent, Noirs vivants ! heureux ceux qui tout à coup s’éveillent Et meurent en sursaut !