đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đ€đ
|
|
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Titre : Baraques de la foire
Lion ! JâĂ©tais pensif, ĂŽ bĂȘte prisonniĂšre,
Devant la majesté de ta grave criniÚre ;
Du plafond de ta cage elle faisait un dais.
Nous songions tous les deux, et tu me regardais.
Ton regard était beau, lion. Nous autres hommes,
Le peu que nous faisons et le rien que nous sommes,
Emplit notre pensée, et dans nos regards vains
Brillent nos plans chétifs que nous croyons divins,
Nos voeux, nos passions que notre orgueil encense,
Et notre petitesse, ivre de sa puissance ;
Et, bouffis dâignorance ou gonflĂ©s de venin,
Notre prunelle éclate et dit : Je suis ce nain !
Nous avons dans nos yeux notre moi misérable.
Mais la bĂȘte qui vit sous le chĂȘne et lâĂ©rable,
Qui paĂźt le thym, ou fuit dans les halliers profonds,
Qui dans les champs, oĂč nous, hommes, nous Ă©touffons,
Respire, solitaire, avec lâastre et la rose,
LâĂȘtre sauvage, obscur et tranquille qui cause
Avec la roche énorme et les petites fleurs,
Qui, parmi les vallons et les sources en pleurs,
Plonge son mufle roux aux herbes non foulées,
La brute qui rugit sous les nuits constellées,
Qui rĂȘve et dont les pas fauves et familiers
De lâantre formidable Ă©branlent les piliers,
Et qui se sent Ă peine en ces profondeurs sombres,
A sous son fier sourcil les monts, les vastes ombres,
Les étoiles, les prés, le lac serein, les cieux,
Et le mystĂšre obscur des bois silencieux,
Et porte en son oeil calme, oĂč lâinfini commence,
Le regard éternel de la nature immense.
Juin 1842.