Quand l´empire romain tomba désespéré, Car, ô Rome, l´abîme ou Carthage a sombré Attendait que tu la suivisses! Quand, n´ayant rien en lui de grand qu´il n´eût brisé,
Ce monde agonisa, triste, ayant épuisé Tous les Césars et tous les vices;
Quand il expira, vide et riche comme Tyr; Tas d´esclaves ayant pour gloire de sentir Le pied du maître sur leurs nuques; Ivre de vin, de sang et d´or; continuant Caton par Tigellin, l´astre par le néant, Et les géants par les eunuques;
Ce fut un noir spectacle et dont on s´enfuyait. Le pâle cénobite y songeait, inquiet, Dans les antres visionnaires; Et, pendant trois cents ans, dans l´ombre on entendit Sur ce monde damné, sur ce festin maudit, Un écroulement de tonnerres.
Et Luxure, Paresse, Envie, Orgie, Orgueil, Avarice et Colère, au-dessus de ce deuil, Planèrent avec des huées; Et, comme des éclairs sous le plafond des soirs, Les glaives monstrueux des sept archanges noirs Flamboyèrent dans les nuées. Juvénal, qui peignit ce gouffre universel, Est statue aujourd´hui; la statue est de sel, Seule sous le nocturne dôme; Pas un arbre à ses pieds; pas d´herbe et de rameaux Et dans son oeil sinistre on lit ces sombres mots: Pour avoir regardé Sodôme.