Oh ! vous dont le travail est joie, Vous qui n´avez pas d´autre proie Que les parfums, souffles du ciel, Vous qui fuyez quand vient décembre, Vous qui dérobez aux fleurs l´ambre
Pour donner aux hommes le miel,
Chastes buveuses de rosée, Qui, pareilles à l´épousée, Visitez le lys du coteau, Ô soeurs des corolles vermeilles, Filles de la lumière, abeilles, Envolez-vous de ce manteau !
Ruez-vous sur l’homme, guerrières ! Ô généreuses ouvrières, Vous le devoir, vous la vertu, Ailes d’or et flèches de flamme, Tourbillonnez sur cet infâme ! Dites-lui : « Pour qui nous prends-tu ?
» Maudit ! nous sommes les abeilles ! Des chalets ombragés de treilles
Notre ruche orne le fronton ; Nous volons, dans l’azur écloses, Sur la bouche ouverte des roses Et sur les lèvres de Platon.
» Ce qui sort de la fange y rentre. Va trouver Tibère en son antre, Et Charles neuf sur son balcon. Va ! sur ta pourpre il faut qu’on mette, Non les abeilles de l’Hymette, Mais l’essaim noir de Montfaucon !»
Et percez-le toutes ensemble, Faites honte au peuple qui tremble, Aveuglez l’immonde trompeur, Acharnez-vous sur lui, farouches, Et qu’il soit chassé par les mouches Puisque les hommes en ont peur !