Qu’elle vogue au hasard, comme un corps palpitant, La carène entr’ouverte, Comme un grand poisson mort, dont le ventre flottant Argente l’onde verte ;
Alors gloire au vainqueur ! Son grappin noir s’abat Sur la nef qu’il foudroie ;
Tel un aigle puissant pose, après le combat, Son ongle sur sa proie !
Rome a les clefs; Milan, l’enfant qui hurle encor Dans les dents de la guivre ; Et les vaisseaux de France ont des fleurs de lys d’or Sur leurs robes de cuivre.
L’autre aigle au double front, qui des czars suit les lois, Son antique adversaire, Comme elle regardant deux mondes à la fois, En tient un dans sa serre.
L’Angleterre en triomphe impose aux flots amers Sa splendide oriflamme, Si riche qu’on prendrait son reflet dans les mers Pour l’ombre d’une flamme.
C’est ainsi que les rois font aux mâts des vaisseaux Flotter leurs armoiries, Et condamnent les nefs conquises sur les eaux A changer de patries.