Donc c´est fait. Dût rugir de honte le canon, Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom ! Cette gloire est ton trou, ta bauge, ta demeure ! Toi qui n´as jamais pris la fortune qu´à l´heure,
Te voilà presque assis sur ce hautain sommet ! Sur le chapeau d´Essling tu plantes ton plumet ; Tu mets, petit Poucet, ces bottes de sept lieues ; Tu prends Napoléon dans les régions bleues ; Tu fais travailler l´oncle, et, perroquet ravi, Grimper à ton perchoir l´aigle de Mondovi ! Thersite est le neveu d´Achille Péliade ! C´est pour toi qu´on a fait toute cette Iliade ! C´est pour toi qu´on livra ces combats inouïs ! C´est pour toi que Murat, aux russes éblouis, Terrible, apparaissait, cravachant leur armée ! C´est pour toi qu´à travers la flamme et la fumée Les grenadiers pensifs s´avançaient à pas lents ! C´est pour toi que mon père et mes oncles vaillants
Ont répandu leur sang dans ces guerres épiques ! Pour toi qu´ont fourmillé les sabres et les piques, Que tout le continent trembla sous Attila, Et que Londres frémit, et que Moscou brûla ! C´est pour toi, pour tes Deutz et pour tes Mascarilles, Pour que tu puisses boire avec de belles filles, Et, la nuit, t´attabler dans le Louvre à l´écart, C´est pour monsieur Fialin et pour monsieur Mocquart, Que Lannes d´un boulet eut la cuisse coupée, Que le front des soldats, entrouvert par l´épée, Saigna sous le shako, le casque et le colback, Que Lasalle à Wagram, Duroc à Reichenbach,
Expirèrent frappés au milieu de leur route, Que Caulaincourt tomba dans la grande redoute, Et que la vieille garde est morte à Waterloo ! C´est pour toi qu´agitant le pin et le bouleau, Le vent fait aujourd´hui, sous ses âpres haleines, Blanchir tant d´ossements, hélas ! dans tant de plaines ! Faquin ! Tu t´es soudé, chargé d´un vil butin, Toi, l´homme du hasard, à l´homme du destin ! Tu fourres, impudent, ton front dans ses couronnes ! Nous entendons claquer dans tes mains fanfaronnes Ce fouet prodigieux qui conduisait les rois Et tranquille, attelant à ton numéro trois Austerlitz, Marengo, Rivoli, Saint-Jean-d´Acre, Aux chevaux du soleil tu fais traîner ton fiacre !