đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

 A   B   C   D   E   F   G   H   I   J   K   L   M   N   O   P   Q   R   S   T   U   V   W   X   Y   Z   0   1   2   3   4   5   6   7   8   9 
Artiste : Victor Hugo
Titre : Soleils couchants
J’aime les soirs sereins et beaux, j’aime les soirs,
Soit qu’ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;

Soit que la brume au loin s’allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages.

Oh ! regardez le ciel ! cent nuages mouvants,
Amoncelés là-haut sous le souffle des vents,
Groupent leurs formes inconnues ;
Sous leurs flots par moments flamboie un pùle éclair.
Comme si tout Ă  coup quelque gĂ©ant de l’air
Tirait son glaive dans les nues.

Le soleil, Ă  travers leurs ombres, brille encor ;
TantĂŽt fait, Ă  l’égal des larges dĂŽmes d’or,
Luire le toit d’une chaumiùre ;

Ou dispute aux brouillards les vagues horizons ;
Ou découpe, en tombant sur les sombres gazons,
Comme de grands lacs de lumiĂšre.

Puis voilĂ  qu’on croit voir, dans le ciel balayĂ©,
Pendre un grand crocodile au dos large et rayé,
Aux trois rangs de dents acérées ;
Sous son ventre plombé glisse un rayon du soir ;
Cent nuages ardents luisent sous son flanc noir
Comme des écailles dorées.

Puis se dresse un palais. Puis l’air tremble, et tout fuit.
L’édifice effrayant des nuages dĂ©truit
S’écroule en ruines pressĂ©es ;
Il jonche au loin le ciel, et ses cĂŽnes vermeils
Pendent, la pointe en bas, sur nos tĂȘtes, pareils

A des montagnes renversées.

Ces nuages de plomb, d’or, de cuivre, de fer,
OĂč l’ouragan, la trombe, et la foudre, et l’enfer
Dorment avec de sourds murmures,
C’est Dieu qui les suspend en foule aux cieux profonds,
Comme un guerrier qui pend aux poutres des plafonds
Ses retentissantes armures.

Tout s’en va ! Le soleil, d’en haut prĂ©cipitĂ©,
Comme un globe d’airain qui, rouge, est rejetĂ©
Dans les fournaises remuées,
En tombant sur leurs flots que son choc désunit
Fait en flocons de feu jaillir jusqu’au zĂ©nith

L’ardente Ă©cume des nuĂ©es.

Oh ! contemplez le ciel ! et dùs qu’a fui le jour,
En tout temps, en tout lieu, d’un ineffable amour,
Regardez Ă  travers ses voiles ;
Un mystÚre est au fond de leur grave beauté,
L’hiver, quand ils sont noirs comme un linceul, l’étĂ©,
Quand la nuit les brode d’étoiles.