đđ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đ€đ
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La conscience humaine est morte ; dans lÂŽorgie, Sur elle il sÂŽaccroupit ; ce cadavre lui plaĂźt ; Par moments, gai, vainqueur, la prunelle rougie, Il se retourne et donne Ă la morte un soufflet. La prostitution du juge est la ressource. Les prĂȘtres font frĂ©mir lÂŽhonnĂȘte homme Ă©perdu ; Dans le champ du potier ils dĂ©terrent la bourse ; Sibour revend le Dieu que Judas a vendu. Ils disent : CĂ©sar rĂšgne, et le Dieu des armĂ©es LÂŽa fait son Ă©lu. Peuple, obĂ©is, tu le dois ! - Pendant quÂŽils vont chantant, tenant leurs mains fermĂ©es, On voit le sequin dÂŽor qui passe entre leurs doigts. Oh ! tant quÂŽon le verra trĂŽner, ce gueux, ce prince, Par le pape bĂ©ni, monarque malandrin, Dans une main le sceptre et dans lÂŽautre la pince, Charlemagne taillĂ© par Satan dans Mandrin ; Tant quÂŽil se vautrera, broyant dans ses mĂąchoires Le serment, la vertu, lÂŽhonneur religieux, Ivre, affreux, vomissant sa honte sur nos gloires ; Tant quÂŽon verra cela sous le soleil des cieux ; Quand mĂȘme grandirait lÂŽabjection publique A ce point dÂŽadorer lÂŽexĂ©crable trompeur ; Quand mĂȘme lÂŽAngleterre et mĂȘme lÂŽAmĂ©rique Diraient Ă lÂŽexilĂ© : Va-tÂŽen ! nous avons peur ! Quand mĂȘme nous serions comme la feuille morte ; Quand, pour plaire Ă CĂ©sar, on nous renĂźrait tous ; Quand le proscrit devrait sÂŽenfuir de porte en porte, Aux hommes dĂ©chirĂ© comme un haillon aux clous ; Quand le dĂ©sert, oĂč Dieu contre lÂŽhomme proteste Bannirait les bannis, chasserait les chassĂ©s ; Quand mĂȘme, infĂąme aussi, lĂąche comme le reste, Le tombeau jetterait dehors les trĂ©passĂ©s ; Je ne flĂ©chirai pas ! Sans plainte dans la bouche, Calme, le deuil au coeur, dĂ©daignant le troupeau, Je vous embrasserai dans mon exil farouche, Patrie, ĂŽ mon autel ! LibertĂ©, mon drapeau ! Mes nobles compagnons, je garde votre culte Bannis, la rĂ©publique est lĂ qui nous unit. JÂŽattacherai la gloire Ă tout ce quÂŽon insulte Je jetterai lÂŽopprobre Ă tout ce quÂŽon bĂ©nit ! Je serai, sous le sac de cendre qui me couvre, La voix qui dit : malheur ! la bouche qui dit : non ! Tandis que tes valets te montreront ton Louvre, Moi, je te montrerai, CĂ©sar, ton cabanon. Devant les trahisons et les tĂȘtes courbĂ©es, Je croiserai les bras, indignĂ©, mais serein. Sombre fidĂ©litĂ© pour les choses tombĂ©es, Sois ma force et ma joie et mon pilier dÂŽairain ! Oui, tant quÂŽil sera lĂ , quÂŽon cĂšde ou quÂŽon persiste, Ă France ! France aimĂ©e et quâon pleure toujours, Je ne reverrai pas ta terre douce et triste, Tombeau de mes aĂŻeux et nid de mes amours ! Je ne reverrai pas ta rive qui nous tente, France ! hors le devoir, hĂ©las ! jâoublĂźrai tout. Parmi les Ă©prouvĂ©s je planterai ma tente. Je resterai proscrit, voulant rester debout. Jâaccepte lâĂąpre exil, nâeĂ»t-il ni fin ni terme, Sans chercher Ă savoir et sans considĂ©rer Si quelquâun a pliĂ© quâon aurait cru plus ferme, Et si plusieurs sâen vont qui devraient demeurer. Si lâon nâest plus que mille, eh bien, jâen suis ! Si mĂȘme Ils ne sont plus que cent, je brave encor Sylla ; Sâil en demeure dix, je serai le dixiĂšme ; Et sâil nâen reste quâun, je serai celui-lĂ ! 2 dĂ©cembre 1852. Jersey.