đŸ’ƒđŸŽ€ Paroles de chanson Française et Internationnales đŸŽ€đŸ’ƒ

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Artiste : Victor Hugo
Titre : Voeu
Si j’étais la feuille que roule
L’aile tournoyante du vent,
Qui flotte sur l’eau qui s’écoule,
Et qu’on suit de l’oeil en rĂȘvant ;

Je me livrerais, fraĂźche encore,
De la branche me détachant,
Au zĂ©phyr qui souffle Ă  l’aurore,
Au ruisseau qui vient du couchant.

Plus loin que le fleuve, qui gronde,
Plus loin que les vastes forĂȘts,
Plus loin que la gorge profonde,
Je fuirais, je courrais, j’irais !

Plus loin que l’antre de la louve,
Plus loin que le bois des ramiers,
Plus loin que la plaine oĂč l’on trouve
Une fontaine et trois palmiers ;

Par delà ces rocs qui répandent
L’orage en torrent dans les blĂ©s,
Par delĂ  ce lac morne, oĂč pendent

Tant de buissons échevelés ;

Plus loin que les terres arides
Du chef maure au large ataghan,
Dont le front pĂąle a plus de rides
Que la mer un jour d’ouragan.

Je franchirais comme la flĂšche
L’étang d’Arta, mouvant miroir,
Et le mont dont la cime empĂȘche
Corinthe et Mykos de se voir.

Comme par un charme attirée,
Je m’arrĂȘterais au matin
Sur Mykos, la ville carrée,
La ville aux coupoles d’étain.

J’irais chez la fille du prĂȘtre,

Chez la blanche fille à l’oeil noir,
Qui le jour chante Ă  sa fenĂȘtre,
Et joue Ă  sa porte le soir.

Enfin, pauvre feuille envolée,
Je viendrais, au gré de mes voeux,
Me poser sur son front, mĂȘlĂ©e
Aux boucles de ses blonds cheveux ;

Comme une perruche au pied leste
Dans le blé jaune, ou bien encor
Comme, dans un jardin céleste,
Un fruit vert sur un arbre d’or.

Et lĂ , sur sa tĂȘte qui penche,
Je serais, fĂ»t-ce peu d’instants,
Plus fiùre que l’aigrette blanche
Au front étoilé des sultans.