Les gens ont les mêmes têtes, ici et ailleurs ; quand ils parlent s´échappent De leurs glottes comme des clapotis d´eaux croupies ; et ils disent qu´il fait Soir et qu´il est temps de coucher nos drôles d´enfants ; que rien n´y fait ; qu´à
Trop vouloir rire on s´fait des rides ; qu´à trop vouloir parler on finit vieux… Les gens ont les mêmes envies, ici et ailleurs ; des serviettes sous les fesses Pour éponger les moiteurs des femmes des autres ; et ils disent qu´il fait froid ; Et qu´il est temps de croutonner la soupe des enfants ; que personne n´y peut Rien ; qu´à trop lire on d´vient menteur ; qu´à bien s´méfier on va au cieux… Les gens ont les mêmes peurs, ici et ailleurs ; la Bible en bouclier, les psaumes Pour se bercer ; et ils disent qu´la pluie lavera tous les péchés ; et qu´il est Temps de prier pour nos drôles d´enfants ; que demain s´ra plus beau ; que pas Radoter c´est ennuyeux ; qu´à rien faire on s´sent plus vieux…
Et on s´regarde au ciel ; tout est gris et tout est las ; seuls les gens des villes -Leur vulgaire- viennent mourir ici-bas ; et je parle des gens, du vent et de mon Temps ; et il reste au fond d´eux le souvenir d´un enfant…