Sur le tapis roulant de l’aérogare désaffecté Des valises oubliées tournent sans fin Dans les rayons clandestins D’une lumière hébétée
Des squelettes livrés à eux-mêmes Se sourient comme ils peuvent Pour tenter de faire peau neuve Sur le carrelage froid de leurs mâchoires brisées
Plus un chien policier sur la piste D’un quelconque atterrissage
Derrière les fenêtres poussiéreuses De la salle d’attente de l’ancien terminal Subsiste Jack l’animal, Le grand avion cargo à l’haleine boueuse
Échoué comme un cygne de plomb À la carcasse éventrée, Le vieux squale édenté
Rêve de marais salants
L’aéroport Hartsfield-Jackson, Prince des airs Né il y a longtemps déjà De l’éclatant sourire révolutionnaire Du tout premier maire Afro-américain d’Atlanta, Se souvient de ses heures graciles
De ce temps où les hommes rêvaient encore En couleur, Quand la fraternité avait le regard perçant, C’était avant La triste pause Avant Que la bombe n’explose.