J’viens d’la noce à ma sœur Annette,
Et comm’ le champagne y pleuvait,
Je n’vous l’cach’ pas, je suis pompette,
Car j’ai pincé mon p’tit plumet.
Je sens flageoler mes guibolles,

J’ai l’cœur guill’ret, l’air folichon,
J’suis prête à fair’ des cabrioles
Quand j’ai bu du Moët-et-Chandon

R : Je suis pochard’
J’dis des bêtises…
Je suis grise
Mais ça me r’garde.
Qu’est c’que vous voulez que j’vous dise ?
J’suis pocharde !

Entre la poire et le fromage,
Sans rien dir´, le garçon d´honneur
Se met en d´voir, suivant l´usage,
D´enl’ver la jarr´tièr´ de ma soeur,
Mais, s´ trompant d´jamb´, voila l´compère
Qui dégraf’ la mienne à tâtons,
Naturell´ment, j´l´ai laissé faire

En buvant du Moët-et-Chandon

Je fais très-rar´ment des folies,
Mais quand j´en fais, ah ! nom de nom !
Je dépass´ tout´s les fantaisies :
J ´suis plus un´ fill’ j´suis un garçon
A moi l´plaisir, la rigolade,
J´m´en fais craquer l´corset d´aplomb,
Car y´a pas, moi, faut que j´cascade
Quand j´ai bu du Moët-et-Chandon

J´dis aux gens qui m´reproch´nt la chose
-Remisez donc vos airs de deuil,
Car c´est l´Champagn´ qu´en est la cause
Si j´ai parfois Mariann´ dans l’oeil,
Et puis j´trouv´ que c´est toujours bête
De vouloir cacher son pompon,
C´est pas un crim´ que d´êtr´ pompette

Et d´aimer le Moët-et-Chandon

Avoir son grain dans la boussole,
Voyons, ça n´est pas un défaut ?
Moi, j´ris, je chant´, je batifole,
Tout´s les fois qu´ j´ai mon coup d´sirop
Alors, quoi ? pour un´ petit´ mèche
Faudrait-y m´battre à coups d´chausson ?
J´aim´ mieux qu´on m´batt´ que d´battr´ la dèche,
J´pourrais plus boir´ d´Moët-et-Chandon